Merci Marie
- Gaël
- 7 déc. 2020
- 3 min de lecture
Depuis l’origine de la fête, en 1852, une devise sur les hauteurs de Fourvière accompagne les célébrations du 8 décembre. D’une grande ferveur religieuse au début, jusqu’à un message beaucoup plus sobre aujourd’hui : retour sur un détail de cette fête qui reflète toute son évolution comme celle de la société française.


Depuis les premières illuminations en 1852, les illuminations de la colline de Fourvière en remerciement à Marie autour d’une ville très chrétienne, sont très importante dans la ville autour de la période du 8 décembre. De 1854 à 1895, selon les archives du Diocèse de Lyon, c’est la devise « Lyon à Marie – 1643 – 1852 – Credo » qui est affichée. Les dates reprennent l’année de la peste (1643) et de l’inauguration de la nouvelle statue à Marie de Fourvière, qui marque le réel début de la fête (1852). En 1895, comme en témoigne les premières photographies, comme ici en 1902, c’est un message beaucoup plus long et engagé qui est collé à la basilique de Fourvière, et qui va d’un côté à l’autre de la basilique :
« Lyon a Marie, Dieu protège la France ».
Il faut rappeler qu’à cette époque, la loi sur la séparation entre l’Eglise et l’Etat n’existe pas encore. Elle est créée en 1905. Plus bas, le long de la Saône, près de la cathédrale Saint-Jean illuminée, c’est un immense texte de trois mots qui recouvre tout le bâtiment visible depuis la presqu’île. Un texte en latin, langue encore utilisée pour les messes à cette époque : « Maria Mater Dei »,en français : « Marie mère de Dieu ». Si le texte latin disparaît ensuite des archives, le slogan « Lyon à Marie, Dieu protège la France » perdure jusqu’en 1960.


Le message en latin « Maria mater dei » fait pourtant son retour sous une autre forme à partir de 1960. En effet, le message qui remplace alors « Dieu protège la France », devenu trop religieux, est la devise « Marie mère de Dieu ». Ce message est conservé jusqu’en 2000, mais n’est finalement pas resté jusqu’à aujourd’hui, jugé peut-être encore trop marqué et pas assez laïque. Comme l’explique le père Laurent Jullien de Pommerol, curé de la Croix-Rousse :
« Pour les autres communautés, notamment musulmanes, c’était quelque chose qui n’était pas très bien perçu, et le message « Merci Marie » est finalement le message le plus évident à faire passer pour cette fête. »


Cependant, le message actuel « Merci Marie » n’arrive qu’en 2004 suite à une volonté de l’archevêque de Lyon Philippe Barbarin. Avant cela, jusqu’en 2004, le message affiché à Fourvière est tout simplement « Ave Maria ». Depuis il n’y a plus vraiment eu de changement dans cette devise emblématique de la fête, de la ville et de l’histoire de Lyon. En 2015, on ajoute seulement un hashtag devant la devise. Ainsi, cette année 2020 si particulière marque un petit événement pour cette tradition historique de la devise de Fourvière car deux nouveautés viennent s’ajouter au message « Merci Marie » : à côté du message en guirlandes électriques, on trouve cette année un lumignon animé qui s’ajoute à l’éclairage. Pour le père Laurent Jullien de Pommerol, c’est une façon de rappeler et d’encourager la tradition : « Cette année, on a cette petite flamme d’espérance, qui invite tous les lyonnais à poursuivre cette tradition de l’illumination des fenêtres. » Autre nouveauté de cette année, et une première depuis 2004, c’est la devise qui va changer, en alternant les éclairages entre « Merci Marie » et un message « Avec Marie ».
Nous vous laissons avec cette vidéo de la fondation de Fourvière qui montre la mise en lumière du "Merci Marie" le 27 novembre 2020 :
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